Article programmatique
Au pied des tours
Un lieu d’exposition
L'habitation en tour, notamment dans le 13e arrondissement de Paris, représente à la fois des opportunités et des défis au sein de la capitale. Au cœur de cette complexité, on trouve d’une part, la revalorisation pour les habitants de certains espaces de leur quartier (le pied des tours) en y communiquant sur l’histoire et les récits qui habitent ou ont habité les tours, depuis leur projet de construction jusqu’à aujourd’hui, cela revient à valoriser la relation entre projet conçu (l’approche architecturale et urbaine de l’époque) et projet vécu. D’autre part, on cherche à donner aux parisiens une autre image des tours, dignes d’intérêt, en leur faisant découvrir une certaine richesse narrative. En faisant de ces lieux des quartiers à aller voir, en utilisant le récit comme un outil de valorisation, il devient possible de redonner vie à ces espaces car l’histoire et la narration permettent de montrer les richesses de ces lieux. La perception et l'expérience de ces tours vont au-delà de leur stature architecturale ; elles révèlent une mosaïque d'histoires personnelles, d’imaginaire culturel qui ne semble pas circuler entre voisins et parisiens. Pour que ces tours d'habitation soient pleinement valorisées et intégrées par la population, il devient impératif de considérer ces espaces comme des espaces narratifs témoins d’expériences humaines.
Ainsi, se pose la question cruciale : quel type de récit souhaitons-nous partager au sujet de ces tours du 13e arrondissement de Paris, et comment pouvons-nous les exposer de manière à mettre en lumière un aspect insoupçonné de la tour ? En explorant les parcelles de vie au sein de ces tours, cette étude aspire à dévoiler les multiples facettes de ces espaces et à proposer des pistes de réflexion sur la manière de mettre en lumière le pied de ces tours symbolisant cet espace public et privé. Cette exploration vise à influencer positivement l'imaginaire collectif entourant l'habitat en tour à Paris, offrant une vision plus complète et éclairée de ces édifices qui marquent le paysage urbain parisien du 13e arrondissement.
Les différents récits incarnés par les tours du 13e
Dans cette exploration des récits entourant les tours du 13e arrondissement, il ne s'agit pas simplement de dresser une liste de narrations, mais plutôt de jeter les bases d'une approche curatoriale distinctive. Celle-ci implique une démarche délibérée dans la mise en valeur des récits, cherchant à tisser des liens entre eux pour créer une trame narrative cohérente. En substance, cette vision curatoriale vise à donner une voix collective aux habitants, érigeant un ensemble narratif qui capture la diversité d’expériences tout en les inscrivant dans un contexte plus large de l'évolution du quartier.
Parmi eux, le récit d'habitants. Il s'agit d'un récit personnel, partagé pour transmettre une expérience ou une histoire individuelle. Ces narrations peuvent mettre en lumière les changements dans le quartier au fil du temps, les relations entre les résidents, leur tour et leur quartier, ainsi que les événements marquants de leur vie quotidienne. Ces récits permettent de capturer l'évolution du 13e arrondissement à travers les yeux de ceux qui y résident, offrant une perspective intime et personnelle sur la façon de vivre au sein des tours.
En abordant le récit personnel lié à la tour, celle-ci devient le lieu d'un empilement d'histoires et d'expériences. Cependant, il convient de noter que les habitants ont du mal à partager ces vécus entre, entre voisins ou avec la population parisienne. Identifier des points d'expériences vécues pourrait être une approche intéressante pour mettre en lumière certains aspects de la tour. Par exemple, les habitants des tours semblent particulièrement attachés à la vue unique dont ils disposent, une perspective que peu de parisiens partagent. A contrario, ce que l'on voit d’en bas par les fenêtres suscite la curiosité des passants, créant ainsi une opportunité pour les habitants de discuter de sujets spécifiques et d'interagir avec les parisiens. Cette opportunité d'interaction offre aux résidents la possibilité de partager des anecdotes, des histoires ou des aspects spécifiques de leur vie quotidienne, créant ainsi des moments de connexion authentiques entre les habitants des tours et les parisiens qui s'aventurent à regarder au-delà du niveau de la rue.
On ne cherche pas à convaincre résidents et parisiens que la tour est une meilleure façon de vivre, mais on cherche à montrer que celle-ci possède un caractère propre qui en fait une source d’interrogation, de poésie, de lien possible, ce qui fait du 13e un quartier unique à Paris.
En parallèle, on trouve les récits d'ordre collectif, tels que ceux de la communauté asiatique du 13e, qui détiennent leurs propres histoires. La communauté asiatique du 13e arrondissement a un caractère unique à Paris, enrichissant la culture de ce quartier parisien. Au sein de cet imaginaire collectif, émergent des récits qui pourraient sans doute être captivants et qui explorent des thèmes tels que l'immigration, l'identité culturelle, les commerces locaux et les événements culturels emblématiques. Ces récits jouent un rôle central dans la préservation ainsi que dans la transmission de l'histoire collective du quartier et des ensembles de tours qui sont en partie immergés dans cette culture, contribuant ainsi à forger une identité commune. Cela pourrait donc agir également comme des liens puissants, du 13e arrondissement en reliant les individus à une narration partagée, fondant ainsi un imaginaire collectif riche et significatif.
La fiction en littérature peut contribuer à entretenir la narration d’un espace. Illustrée par les romans de Michel Houellebecq et notamment La Carte et le Territoire, qui déploie une approche singulière dans la représentation du 13e arrondissement. Dans ce roman, Houellebecq met en scène un artiste isolé et perdu, vivant dans le 13e arrondissement de Paris. Cette œuvre explore les thèmes de l'isolement, de la création artistique et de la quête de sens dans un environnement urbain décousu et impersonnel de certains quartiers. Cela souligne la manière dont la fiction littéraire peut également contribuer à façonner la perception d'un lieu, en introduisant des personnages et des récits qui transcendent la réalité immédiate pour offrir une vision plus profonde et souvent introspective de l'environnement urbain.
Les films sont aussi des récits fictifs qui permettent de transcender les limites de la réalité immédiate, qui explorent et interprètent le 13e arrondissement de Paris. En capturant visuellement les aspects sociaux, économiques et culturels du quartier et d’un foyer d’habitants, le cinéma devient une fenêtre immersive permettant aux spectateurs de plonger dans une expérience émotionnelle. Ainsi, ces récits cinématographiques ne se contentent pas de documenter le lieu, mais ils le réinventent et le redéfinissent à travers le langage visuel, offrant un point de vue souvent poétique sur un espace urbain. Les Olympiades de Jacques Audiard, apportent une dimension visuelle et narrative à l'histoire du 13e arrondissement. Ces récits cinématographiques esthétisent les tours et capturent l'essence du quartier à travers le langage cinématographique. Il est possible de faire des liens conceptuels entre le style documentaire de Laurent Kronental, qui explore la vie quotidienne dans les grands ensembles, et le cadre urbain que Jacques Audiard choisit de représenter dans son film Les Olympiades.
Laurent Kronental, à travers sa série Souvenir d'un Futur, met en lumière la vie des personnes âgées vivant dans des environnements urbains modernes, souvent caractérisés par des architectures massives et des grands ensembles. Ce travail photographique propose une réflexion sur la manière dont ces structures influencent la vie quotidienne et les récits individuels des habitants ce qui peut faire écho à un travail d’archives modernes. Le photographe nous plonge dans l'univers des constructions de béton, explorant ces quartiers où les habitants ont vieilli au fil des années. Il capte ces résidents dans des tours souvent étrangement dépeuplées, comme si ces lieux avaient été abandonnés par tous sauf par eux. Une atmosphère où la matière même des édifices semble témoigner du passage du temps et de l'isolement des individus qui continuent d'y vivre. Cette série photographique offre ainsi une méditation visuelle sur la mémoire, le vieillissement urbain et la persistance de la vie dans des espaces autrefois foisonnants d'activités.
De même, Les Olympiades de Jacques Audiard mettent en avant les histoires interconnectées de différents personnages évoluant dans cet environnement urbain spécifique. Bien que les médiums diffèrent, le film et le travail photographique de Kronental partagent un intérêt commun pour la représentation des espaces urbains modernes et de la vie qui s'y déroule. En examinant les deux œuvres, on pourrait identifier des thèmes communs tels que l'urbanisme, la diversité sociale et la manière dont les individus vivent au sein de ces environnements citadins particuliers, ce qui pourrait être une approche intéressante au sein d’une curation d’exposition.
Josette, 90 ans, Vision 80, Esplanade de La Défense (2015) @ Laurent Kronental
Certains récits sont donc intrinsèquement liés à la mémoire et à l'histoire d’un espace. Ces narrations peuvent se concentrer sur des événements historiques, des changements d'urbanisme tel qu'Italie 13, ou l'émergence de nouvelles pratiques tel que le street art qui ont marqué le quartier. Ces récits, souvent transmis de génération en génération, contribuent à la construction de l'identité du quartier et à la compréhension de son évolution au fil du temps. Le rapport à l'archive joue un rôle crucial dans cette préservation de la mémoire. Les documents d'archives, tels que des plans, des photographies historiques et des récits écrits, sont des éléments curatoriaux essentiels qui permettent de retracer les étapes clés de l'urbanisme et de l'architecture du 13e arrondissement. Ces archives servent de lien tangible entre le présent et le passé, offrant une fenêtre sur les décisions qui ont façonné le quartier et les perspectives qui ont prévalu à différentes époques.
Investir le pied des tours
Investir le pied de la tour représente une opportunité car pour rappeler le précédent article, les espaces au pied des tours incarnent à la fois la sphère privée avec ses appartements et la dimension publique du bâtiment. C'est à cet endroit que transitent tous les résidents de la tour ainsi que les passants. Se trouver au pied des tours, c'est pénétrer dans un quartier, s'approcher au plus près de cet ensemble résidentiel.
Ce lieu stratégique permet d'établir un lien intime avec le quartier, agissant comme une porte d'entrée symbolique où l'on peut explorer des expériences spatiales riches et variées. C’est alors que le pied des tours peut accueillir des accrochages, des médiations, tentant de rendre visibles la transmission et les récits personnels ou d’ordre collectif.
Croquis illustrant diverses possibilités d’installation au pied des tours, Lily Meunier 27/11/2023
Dans le cadre de mon projet, le concept de psychanalyse urbaine développé par l'ANPU (Atelier National de Planification Urbaine), prenant la métaphore de l’humain en lien avec la ville, est tout à fait intéressant. L'ANPU constate qu’il y a des névroses récurrentes dans les villes, telles que fractures urbaines, perte de vitalité, maladies des grands ensembles. On trouve parfois des névroses plus spécifiques telles que traumatismes historiques ou crises identitaires.
L'idée de recourir à une approche quasi-thérapeutique, pour permettre aux habitants de s'identifier plus profondément au sein de leur quartier, me semble particulièrement pertinente. Afin de centrer mes récoltes d'informations, je prévois d'intégrer des entretiens reprenant parfois l’approche psychologique approfondie avec les résidents (faire un portrait chinois de sa tour par exemple), encourageant des partages émotionnels et des récits personnels sur leur environnement.
Parallèlement, l'utilisation de croquis tels que des cartes émotionnelles, créés par les habitants, permettra de mettre en lumière des aspects significatifs de l’analyse avec des sentiments associés et des souvenirs importants. Pour recueillir des récits du passé et des témoignages sur l'évolution de cet habitat, des recherches approfondies dans les archives locales contribueront à la compréhension des décisions passées et des événements ayant façonné l’image du quartier.
Ma démarche ne se limite pas à une logique d'atelier comme l’a fait l’ANPU. Elle englobe une approche d'exposition avec une vision curatoriale, visant à contextualiser non seulement le vécu actuel des habitants, mais aussi à le mettre en perspective avec le passé, les projets d'origine, les archives, ainsi que des éléments cinématographiques ou imagés de fiction. En intégrant ces divers éléments, mon projet aspire à offrir une compréhension émotionnelle de l'espace, en soulignant les connexions complexes entre les récits contemporains, l'histoire du quartier et les projections imaginaires.
La mise en place d'un protocole unique tel que celui de l’ANPU, de collecte de données, est essentielle pour assurer la cohérence du processus. Cela facilite la comparaison des données sur différentes périodes ou dans divers tours et quartiers, tout en permettant aussi d’effectuer une curation simplifiée avec l’implication des habitants.
Anpu, Opération divan: étape du processus de psychanalyse urbaine, dialogue avec les habitants pour identifier les névroses du territoire, Lodève. Opération Slowdève (mars 2021). Photo © Christophe Maillot
En investissant le pied de la tour ou de plusieurs tours avec une approche psychanalytique et un déroulement encadré, cela pourrait créer des espaces de dialogue et de réflexion sur la dimension psychosociale de la vie urbaine. En s’interrogeant sur cette approche, on serait enclin à se demander si on envisagerait d'investir un seul lieu ou plusieurs et si l’exposition serait stable ? ou itinérante ? visitable pendant une certaine durée ou bien évolutive dans le temps ?
En tenant compte des recherches menées, il serait pertinent de concevoir mon exposition en plusieurs temporalités distinctes. Une première phase pourrait être dédiée exclusivement aux habitants, favorisant la participation active de la communauté locale. La seconde phase consisterait en un travail de tri et de cartographie sensible, d’un point de vue de designer, inspiré de l'approche de l'ANPU, pour explorer les différents récits en identifiant les thématiques qui émanent des tours d’habitations du 13e. Cette étape permettrait de contextualiser et de visualiser de manière artistique les témoignages, les archives et les extraits de films, créant ainsi une expérience totale. En ajoutant une troisième phase à la démarche, celle-ci pourrait se concentrer sur l'interaction entre les habitants et les visiteurs. Elle serait conçue comme un espace de dialogue, d’exposition, d'échanges et de partages. Cette étape interactive permettrait de renforcer les liens au sein de la communauté locale et de favoriser une compréhension partagée de l'histoire, du présent et des aspirations futures liées aux tours du 13e arrondissement.
Croquis, pour illustrer un type de processus de collecte pour créer un scénario d’exposition qui inclut les différents
types de récits. Lily Meunier, 06/12/2023
types de récits. Lily Meunier, 06/12/2023
Une exposition sous deux aspects
Pour rester fidèle au récit des habitants des tours, comme vu précédemment, leur intervention semble indispensable. Par ailleurs, afin de valoriser ces éléments, il serait judicieux de transformer cet instant en une exposition immersive, mêlant architecture, urbanisme, voire même sociologie, se déroulant in situ et se démarquant du cadre institutionnel classique, tel que le Pavillon de l'Arsenal ou la Cité de l'Architecture et du patrimoine.
Bien que des formes d'expositions sur l'architecture et l'urbanisme soient déjà présentes au sein d'institutions comme le Pavillon de l'Arsenal (qui expose sur les « Olympiades » en 2013) ou la Cité de l'Architecture et du patrimoine, mon approche se distingue par son choix délibéré d'être in-situ. L'objectif est d'immerger l'exposition dans l'environnement même qu'elle explore, accentuant ainsi la dimension architecturale et sociale de manière plus tangible. En adoptant cette approche, l'exposition ne se limite pas à un cadre institutionnel formel, mais devient une expérience directe, en phase avec la réalité quotidienne des habitants.
Exposition pavillon de l'Arsenal, “OLYMPIADES, PARIS 13E UNE MODERNITÉ CONTEMPORAINE” © Vincent Fillon
Les expositions d'architecture hors les murs offrent une alternative au cadre institutionnel traditionnel. En sortant des murs d'une galerie ou d'un musée, ces expositions bénéficient d'une plus grande accessibilité, permettant au public de rencontrer l'architecture dans son environnement naturel. Les tours du 13e arrondissement peuvent être présentées en contexte, révélant leur interaction avec l'environnement urbain et les récits qui les entourent. L'exposition hors les murs offre ainsi une immersion plus authentique dans l'expérience architecturale, permettant une meilleure compréhension des récits associés aux tours du 13e.
D’autre part, une sorte de curation participative semble opportun pour ce projet. Cela repose sur une approche collaborative dans la sélection, la présentation et l'interprétation des éléments exposés. Plutôt que d'être le résultat d'une seule voix curatoriale, elle intègre la contribution active de divers acteurs, incluant les résidents et les experts locaux. En impliquant une diversité de perspectives, la curation partagée favorise une représentation plus complète et authentique des récits associés à ces structures emblématiques. Chaque contributeur apporte son point de vue unique, offrant une variété de narrations qui reflètent l'histoire des tours. Ainsi, la curation partagée devient un instrument pour capturer la véritable essence des tours du 13e arrondissement, à l’aide d’outils mis en place pour canaliser le propos.
Un exemple concret d'exposition utilisant la curation participative est le projet Inside Out de l'artiste JR. Il crée des installations artistiques à travers le monde en invitant les communautés locales à partager leurs propres portraits et récits. Ces œuvres d'art collaboratives mettent en lumière la diversité et l'authenticité des voix locales pour exprimer une identité communautaire. Appliquée au contexte des tours du 13e arrondissement, une approche similaire pourrait donner aux résidents l'opportunité de contribuer à une exposition qui raconte leur histoire à travers leur tour. Cependant, coordonner les contributions diverses peut être complexe et nécessite une logistique méticuleuse. Les divergences d'opinions sur la conception de l'exposition peuvent être délicates à gérer, tout comme la variation de qualité et de cohérence des contributions. Les contraintes de temps et le risque d'un niveau de participation inégale ajoutent des complexités supplémentaires. Il semble essentiel d’établir, comme vu précédemment, un processus de récolte qui permettrait de concentrer les témoignages recueillis.
Musée d'Art Urbain et Contemporain (MUCA) projet Inside Out, JR, 2022
Dans ce même concept, on retrouve le projet NuageMot de Malte Martin qui explore la dimension poético-politique de l'expression individuelle à travers une installation lumineuse à l'échelle urbaine. Cette initiative permet à chacun de donner forme à sa langue, passant ainsi du privé au public, de l'intime à la sphère urbaine. En évoquant le rapport aux mots, NuageMot célèbre la diversité des langues et des expressions, offrant un espace pour partager des mots personnels tout en les projetant à l'échelle de la ville. L'objectif est de matérialiser le souffle de la langue, de donner une forme publique à la parole intime qui circule dans l'espace urbain. Ce projet est né du désir de rendre visible et lisible le chuchotement collectif dans la cité des 4000 à La Courneuve. L'image de la buée créée par le cracheur de feu, transforme ces particules de lumière en un nuage lumineux émanant des mots prononcés par chaque participant via un microphone. Ainsi, NuageMot explore la frontière entre l'intime et le public, créant un dialogue visuel et poétique dans l'espace urbain. Dans le cadre de mon projet d'exposition, je prévois de créer une exposition hybride qui mettra en avant une variété de médias pour matérialiser de la même manière que NuageMot les récits relatifs aux tours du 13e arrondissement. Cette exposition pourrait intégrer des témoignages oraux, des récits écrits, des images fixes et animées, ainsi que des éléments sonores. En adoptant une approche multiple, je souhaite permettre une cohabitation harmonieuse de différentes formes narratives, qu'elles soient collectives, individuelles ou même fictionnelles.
En explorant ces multiples perspectives, l'exposition vise à faire émerger des thèmes significatifs, soulignant la spécificité du récit des tours du 13e.
Agrafmobile, Malte Martin, Nuagemot, 2018, © François Serveau
En conclusion, l'habitation en tour, en particulier dans le 13e arrondissement de Paris, émerge comme un sujet complexe et riche. Les récits des habitants jouent un rôle central dans la compréhension de ces tours. Les récits personnels, collectifs et imaginaires contribuent à tisser un lien narratif complexe qui va au-delà de la simple architecture conçue pour englober les expériences humaines, les souvenirs et le vécu d’un lieu. La création et la transmission de ces récits deviennent un puissant moyen de réinterpréter et de redéfinir notre compréhension des tours du 13e arrondissement, offrant une vision plus complète et éclairée de ces structures qui marquent le paysage urbain parisien.
Investir le pied des tours apparaît comme une opportunité stratégique pour créer des espaces dynamiques, propices aux rencontres, à l'expression des récits individuels et collectifs. Les approches artistiques, psychanalytiques et participatives peuvent transformer ces espaces en lieux d'introspection collective, encourageant la connexion sociale et la création d'une identité commune. En restant fidèle au récit des habitants, en favorisant la curation participative, il devient possible de créer des expositions in-situ qui témoignent de la diversité et de la richesse de l'histoire des tours. Ces expositions, loin des murs institutionnels traditionnels, offrent une immersion authentique dans l'expérience architecturale, favorisant une meilleure compréhension des récits associés à ces structures emblématiques. Finalement, la valorisation et l'intégration pleine des tours du 13e arrondissement dans la vie urbaine exigent une approche globale, où le récit, l'art, la participation citoyenne et la préservation de la mémoire convergent pour créer un dialogue riche et dynamique entre les habitants, les visiteurs et le quartier lui-même.